Les emplois verts... c'était une des plus belles promesses du Grenelle de l'environnement.
Au moment même où le projet de loi passait à l'Assemblée, en juin 2009,
une étude du très sérieux cabinet de conseil stratégique Boston
Consulting group, bien évidemment commanditée par le Ministère de
l'écologie, venait opportunément affirmer que ce plan allait permettre
la création de 600.000 emplois verts d'ici à 2020.
L'économie verte, entre communication et réalité
Lorsqu'on
lit dans le rapport 2012 de l'Observatoire national des emplois et
métiers de l’économie verte que les métiers de l'économie verte
représentent aujourd'hui 13% des offres déposées à Pôle emploi par les
entreprises, on est tenté de crier bravo. Mais il convient de regarder
cela de plus près, car il y a plus qu'une simple nuance entre "les
métiers de l'économie verte" et les métiers verts ! En fait, dans le
joli jargon administratif à la française, on opère très sérieusement une
distinction entre les métiers verts et les métiers "verdissants". Dans
la première catégorie se trouvent des emplois liés à la protection du
patrimoine naturel, à la distribution et à l'assainissement des eaux ou
au nettoyage des espaces urbains. Quant aux métiers dits verdissants, il
s'agit de ceux "dont la finalité n'est pas environnementale mais qui
intègrent de nouvelles briques de compétences pour prendre en compte de
façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans
le geste métier". C'est beau comme le merveilleux inventaire à la
Prévert que recouvre cette définition. Car on trouve là pêle-mêle les
métiers de l'entretien d'espaces verts ou de la sylviculture (soit) que
ceux de conducteur de travaux en BTP, d'animateur de loisir auprès
d'enfants, de conducteur de transports en commun ou de... mécanicien
automobile ! Or, ce sont bien ces "métiers verdissants" - principalement
le bâtiment et le transport - qui représentent l'écrasante majorité
(94%) des offres d'emplois prétendument liées à l'économie verte.
Entretien et nettoyage : les vrais emplois verts
En
2012, les métiers verts proprement dits ont ainsi représenté moins de
34.000 offres d'emplois, essentiellement dans la revalorisation des
produits industriels, l'entretien des espaces naturels ou le nettoyage
des espaces urbains. On note cependant une forte évolution des
recrutements dans les métiers liés au contrôle des normes HSE (hygiène
sécurité environnement) en entreprise. Certes, les emplois
environnementaux ont continué de progresser ces dernières années : ils
représentaient 454.900 emplois en 2011, d'après le Commissariat général
au développement durable, soit un rythme de progression de 20.000 par
an. Assez loin des projections du Grenelle de l'environnement, crise
oblige... Les métiers liés à la protection de l'environnement
représentent à eux seuls 55% des postes de la filière, avec notamment
plus de 150.000 emplois dans la gestion des eaux usées et des déchets,
qui ne sont pas forcément les plus prisés par ceux qui rêvent de
verdure. Les métiers liés à la réhabilitation des sols montrent une
tendance particulièrement forte, avec 53.900 emplois en 2011, soit une
progression de plus de 40% en deux ans. Une autre famille de métiers,
ceux liés à la gestion des ressources, connaît une progression rapide,
grâce au développement des énergies renouvelables. Malgré la crise qui a
traversé le secteur, la filière a vu ses effectifs doubler depuis 2007.
Quant aux emplois qualifiés, certains comme celui d'ingénieur
environnemental, ont tendance à stagner, alors que les métiers de
recherche-développement liés à l'environnement restent en progression
importante, même s'ils ne représentent que 19.000 emplois environ.
Des emplois qui virent au vert
Certains
se posent d'ailleurs la question de savoir si cette thématique de
l'emploi vert ne tient pas un peu du mythe. En juillet 2010, un rapport
du Centre européen de la formation professionnelle (CEDEFOP) estimait
que la croissance verte proviendrait plutôt de l'amélioration des
compétences existantes que de compétences vertes spécialisées. Autrement
dit, plutôt des métiers traditionnels appelés à évoluer que des métiers
spécifiques. Voilà qui nous ramène au concept d'emplois verdissants,
pas très vendeur mais finalement assez réel.
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